« Chaque démon est un état de conscience qui vous submerge. Les démons de Myriam étaient changeants et la conduisaient dans des états d’exaltation où se mêlaient toutes sortes d’envies imprévisibles et de colères féroces, suivis par des états de dépression où l’haleine de la mort rôdait, lui vidant le corps de toute énergie, le cœur de toute confiance et la tête de toute intelligence.
La pieuvre montrait alors son vrai visage, le visage morne et dur de la stupidité, mais de la stupidité prétentieuse, celle du moi qui se prend pour le centre du monde, et qui est toujours déçu quand on ne le reconnaît pas pour le centre du monde, le moi qui veut se faire aussi gros que le Soi.
Ainsi, les secrets de tous ces démons étaient-ils le désespoir lié au manque et l’orgueil de ne pas accepter et reconnaître ce manque et de vouloir le combler, le gonfler avec des vents fétides. Combler le vide avec des riens : sexes, nourritures, livres, bijoux, colères ou larmes, sinistres apitoiements sur un « moi-même » qui se sait mortel et qui réclame les égards dus aux dieux qui ne sauraient mourir. »
Jean-Yves LELOUP – Le roman de Marie-Madeleine (extrait).
samedi 12 mai 2007
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