L’angoisse devant la mort n’est pas la peur devant l’au-delà, même sous les traits effrayants de l’Enfer, ni la peur de l’inconnu.
Jankélévitch l’a bien dit. La peur de l’au-delà, c’est encore la peur d’une autre vie.
Même si on pense confusément que cette vie est très différente de la nôtre, on pense encore l’autre dans le cadre du même. De la même manière, une terre inconnue est encore une terre.
« Le langage même n’est pas taillé pour exprimer la mort. Tous les mots dont on se sert sont des mots empiriques : l’Autre-Monde, un monde, l’autre, c’est-à-dire très différent du nôtre, mais encore un monde … Comment faire ? Le langage ne peut exprimer ce changement que par des choses empiriques : le passage de l’un à l’autre. La mort n’est pas le passage de l’un à l’autre, la mort est le passage de quelque chose à rien du tout. Ce n’est pas un passage, c’est infini, c’est une fenêtre qui ne donne sur rien. » (Jankélévitch in « Penser la mort ? »).
La mort est inexprimable car elle est impensable … et Alain ajouterait que la mort ne nous concerne pas (Alain in « Propos sur le bonheur »).
La mort est le non-sens qui donne sens à la vie.
Si, comme Achille, on nous faisait choisir entre une vie longue et ennuyeuse et une existence courte mais fervente, que choisirions-nous ?
Et si la mort est angoissante, rien ne serait plus sinistre que l’immortalité.
mercredi 9 mai 2007
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