Selon certains chercheurs, le QI n’intervient que pour 20% dans la réussite personnelle des individus.
C’est pourquoi on parle, de nos jours, d’intelligence émotionnelle, le QE.
« On peut toujours vivre sans émotions. Mais une telle vie sans force ni nuances reste toujours ceci : un bide ontologique. » Le philosophe Alain Thoueille résume bien l’importance des émotions.
« Celui qui ne s’émeut a l’âme d’un barbare
Ou n’en a point du tout. » (François de Malherbe)
Peur, tristesse, rire, colère … sont essentielles à notre équilibre.
Elles influencent nos perceptions et déterminent nos réactions à l’environnement.
D’ailleurs leur disparition mais aussi leur caractère exagéré sont signe de pathologie.
En latin, « emovere » signifie « faire mouvement à partir de », « être excité », « sortir de son état présent par quelque chose qui bouleverse, remue, ébranle ».
Les recherches psychophysiologiques permettent de montrer expérimentalement que l’activation biologique caractérisant les états émotionnels résulte de la mise en jeu de systèmes endocriniens multiples où neurones et hormones entrent en interaction.
ENVIRONNEMENT
SYSTEME NERVEUX CENTRAL
Comportement
Syst. neuroendocrinien
Tempérament
Métabolisme énergétique
Système cardiovasculaire
Système immunitaire
Facteurs génétiques
Influences précoces
Apprentissages
Emotion et mémoire sont étroitement liées dès le premier jour de vie de l’être humain avec des répercussions sur toute son histoire personnelle.
Que ce soit dans ses substrats biologiques, dans ses ancrages psychiques ou dans son expression même, chercheurs et praticiens s’accordent sur la complexité du système émotionnel.
L’émotion naît d’une transaction, d’une relation dans laquelle une personne et son environnement s’influencent mutuellement.
Symptôme d’une souffrance, les émotions sont au cœur de toutes les psychothérapies.
Car si l’émotion est une façon particulière de jouir et de souffrir, c’est aussi un moyen de penser et de communiquer.
Les phénomènes qui sous-tendent l’émotion ont un effet constructif ou destructeur selon qu’il s’agit d’émotions positives ou négatives.
Ce terme d’émotion est peu utilisé en psychanalyse où on lui préfère celui « d’affect » :
Dans le modèle freudien (in Métapsychologie), l’appareil psychique est mis en tension par les pulsions, dont on peut observer deux effets : l’affect et la représentation (ex : la madeleine de Proust).
L’affect correspond aux aspects quantitatifs, la représentation aux aspects qualitatifs des représentants de la pulsion.
Les affects positifs accompagnent la satisfaction pulsionnelle tandis que les affects négatifs mettent en tension l’appareil psychique (principe de plaisir/déplaisir).
« L’émotion […] une modalité d’expression destinée à informer autrui d’une situation particulière, chargée de valeur pour le sujet. » (S. Freud)
Mais l’émotion apparaît comme plus complexe, plus nuancée que l’affect.
Mélanie Klein a insisté sur le caractère extrême des émotions du bébé au début de son existence extra-utérine, liées aux relations d’amour et de haine pour l’objet (partiel) position schizo-paranoïde.
Puis, la haine se teinte de culpabilité, et l’amour d’ambivalence
position dépressive.
Pour Wilfried Bion, les liens entre les objets internes (ou intériorisés) sont des liens émotionnels (A : amour / H : haine / C : connaissance).
Les liens A et H sont passionnels et correspondent à des clivages.
Le lien C correspond à l’émotion liée à l’incertitude et à la tension qu’il faut supporter devant l’inconnu en attente d’un sens.
Le lien C est le lien psychanalytique par excellence.
Que dit la philosophie des émotions ?
André Comte-Sponville définit les émotions comme des affects momentanés, qui nous meuvent plus qu’ils ne nous structurent (comme le feraient les sentiments) ou qu’ils ne nous emportent (comme le feraient les passions).
Par exemple, la colère, la peur, le coup de foudre sont des émotions … qui peuvent déboucher sur des sentiments ou des passions (haine, anxiété, amour).
Alain écrivait : « Une suite d’émotions vives et liées au même objet produit la passion et l’état de passion surmonté se nomme le sentiment. »
Les frontières entre les différents affects, émotions restent floues … et ce flou est essentiel à l’émotion, car si l’on y voyait absolument clair, on ne serait pas ému.
mardi 1 mai 2007
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